Régulation des marchés Les politiques de stockage, utiles pour stabiliser les prix mais pas les revenus
Alors que les gouvernements et de nombreux acteurs des marchés redécouvrent l’intérêt de la régulation, les outils disponibles pour y parvenir font chacun l’objet d’études approfondies pour en apprécier la pertinence. Lors du colloque « L’agriculture face à l’incertitude des marchés », organisé par l'Inra et Pluriaagri à la Saf mercredi 27 octobre 2010, Christophe Goual de l’Inra a montré que les politiques de stockage servent à améliorer la sécurité alimentaire mais pas à soutenir les revenus agricoles. Il s’est appuyé, pour affirmer ces propos, sur les politiques conduites dans divers pays depuis 50 ans.
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Au Canada, le stockage privé remplit une autre fonction: saisir des opportunités sur les marchés. (© DR) |
En fait, l’expérience a montré que la stabilité des prix, recherchée à travers les politiques de stockage, est obtenue au prix de dépenses publiques élevées conduisant à terme les gouvernements à revoir leur politique, dont sont victimes les agriculteurs (baisse des prix incitant à la diminution des volumes à produire).
La stabilité « induite » donne, dans un premier temps, un signe inadéquat aux producteurs en les incitant à produire davantage. Mais, dans une économie mondialisée, cette politique est onéreuse et fait effet « d’appel d’air » en favorisant les importations à des prix artificiellement soutenus. Des quantités de marchandises qui s’ajoutent ainsi à celles produites sur le marché national et qui, au final, conduisent à prendre des mesures de rigueur.
Le stockage est bénéfique aux agriculteurs dans une économie fermée
Pour stabiliser le revenu, les outils sont nombreuxLes outils les plus efficaces pour les revenus restent les aides contracycliques, les aides découplées, celles au maintien du chiffre d’affaires, voire les assurances exceptées celles couvrant les risques de catastrophes naturelles. La régularité des revenus repose aussi sur les marchés à terme qui constituent, s' ils sont régulés, des indicateurs pour aider les agriculteurs à prendre des décisions. La contractualisation, mise à l’honneur dans la loi de modernisation de l’agriculture, a toute son utilité dans un marché organisé. Si on reste dans le domaine des stockages, un dispositif alternatif présenté, ce même mercredi 27 octobre au colloque de l’Inra et de Pluriagri, attire l’attention des acteurs publics. Enfin, les retraits du marché et les aides directes sont aussi des recours utilisés pour stabiliser les revenus agricoles. Hervé Guyomard, de Paris-Grigon, a tenté de montrer dans quelle mesure ceux-ci sont les plus efficaces. Deux sujets sur lesquels nous reviendrons ultérieurement. |
Selon Christophe Goual, le recours au stockage « est moins controversé s'il est destiné à renforcer la sécurité alimentaire des pays, dont la population n’a pas les moyens de faire face à la volatilité des prix et où seule la puissance publique peut agir pour répondre à la demande de la population peu solvable ». Pour les pays importateurs, le stockage est donc un instrument pour atténuer les variations des prix à la consommation des produits alimentaires. Il n’est pas mis en place dans l’intérêt des agriculteurs.
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